L’inclusion visuelle, c’est l’idée que la communication doit pouvoir être comprise, vue et ressentie par le plus grand nombre.
Pas seulement par ceux qui voient parfaitement, qui lisent vite ou qui partagent nos codes culturels.
La chercheuse Jutta Treviranus, directrice du Inclusive Design Research Centre de Toronto, définit le design inclusif comme une approche « qui prend en compte toute la diversité humaine — les différences d’aptitude, de culture, de langue, d’âge, de genre ».
Appliquée à la communication, cette vision nous invite à concevoir des images, des sites ou des supports qui ne laissent personne en dehors du cadre.
Une idée qui vient de loin
L’inclusion visuelle n’est pas née hier.
Elle s’inspire des mouvements pour un design accessible, apparus dès les années 1950, quand on a commencé à penser des bâtiments et objets utilisables par tous, pas seulement par les personnes valides.
Plus tard, dans les années 1990, cette logique s’est étendue au numérique et à la communication : on a compris que ce que l’on montre et comment on le montre crée du lien… ou de l’exclusion.
Aujourd’hui, ce courant influence la conception des sites web, des publicités, des campagnes publiques et même des identités de marque.
Inclure, oui… mais comment ?
C’est là que ça se complique.
Faire une communication inclusive, c’est difficile.
D’abord, parce qu’il est impossible d’inclure tout le monde à la fois.
Un contraste de couleur plus fort aide les malvoyants, mais peut gêner les personnes sensibles à la lumière.
Une image très locale peut sembler étrangère à d’autres cultures.
Une représentation “diverse” peut vite virer au cliché si elle est mal pensée.
Mais l’enjeu n’est pas de tout résoudre.
C’est de faire l’effort d’y penser, à chaque projet, à chaque visuel.
C’est d’adopter une posture : celle de se demander qui je montre, qui je ne montre pas, et pourquoi.
Concrètement, ça veut dire quoi ?
Utiliser des contrastes de couleurs suffisants pour que tout le monde puisse lire.
Ajouter des sous-titres ou du texte alternatif pour ceux qui ne peuvent pas voir ou entendre.
Choisir des images qui représentent vraiment la diversité — d’âges, de corps, de cultures — sans tomber dans la caricature.
Éviter les symboles purement “occidentaux” ou les codes visuels qui peuvent exclure sans le vouloir.
Et surtout : penser à la personne de l’autre côté de l’écran, pas à celle qui signe le projet.
Pourquoi continuer malgré la difficulté ?
Parce qu’une image, un site, une campagne, ce n’est jamais neutre.
Ce qu’on choisit de montrer dit beaucoup de ce qu’on croit normal, ou important.
Et même si on ne peut pas parler à tout le monde, on peut essayer de parler mieux.
L’inclusion visuelle, c’est ça :
une volonté de rendre nos messages plus justes, plus ouverts, plus humains.
Pas pour être parfaits.
Mais pour que chaque regard compte.